Je prends beaucoup de coumadine…
Donc c’est grave !
Cette crainte peut venir d’une remarque maladroite de votre pharmacien : « Eh bien, vous prenez une grosse dose de coumadine, vous ! ». Ou bien d’un atelier d’éducation thérapeutique collectif, en entendant vos voisins indiquer leurs posologies respectives : ils prennent 1 mg, 7 mg, 14 mg… alors que vous, vous en prenez 25 !
Est-ce que cela veut dire que vous êtes bien plus gravement malade qu’eux ? Pas du tout !
Pour rappel : pour être capable de coaguler en cas de blessure, une panoplie de « facteurs de coagulation » doivent être présents dans notre sang. Quelques uns de ces facteurs de coagulation nécessitent de la vitamine K pour être rendus opérationnels dans notre foie. C’est pour cela que l’on peut ralentir la vitesse de coagulation en administrant un anti-vitamine K, ou AVK, comme la coumadine, le préviscan et le sintrom.
Mais l’efficacité des AVK est variable d’un individu à l’autre. Quatre raisons majeures à cela.
♦ On pense toute de suite à l’alimentation, bien sûr : un végétarien, qui ingère beaucoup de vitamine K via son alimentation, va avoir besoin de prendre plus d’AVK qu’un adepte de pâtes et de riz dont l’alimentation est très pauvre en vitamine K.
♦ La génétique joue aussi un rôle : avons-nous par exemple hérité de nos parents un système d’élimination ou d’inactivation des médicaments très efficace, qui va imposer d’en ingérer une plus grande quantité pour avoir l’effet escompté ?
♦ Comme c’est le foie qui fabrique certains facteurs de coagulation, on comprend bien que toute maladie ou « fatigue » du foie va avoir une répercussion sur la dose d’AVK à prendre. Il en va de même avec d’autres perturbations de notre état de santé.
♦ Enfin, comme on l’a vu dans la réponse de notre publication du 30 mai dernier, des interactions médicamenteuses peuvent modifier la quantité d’AVK efficaces dans le sang.
En résumé, votre régime alimentaire, vos facteurs génétiques, votre état de santé et vos autres traitements peuvent avoir une influence sur l’efficacité des AVK et donc sur votre posologie. À chacun sa dose d’AVK, et puis voilà !